Textes

SAMBATYON

texte andreas guest

Mais qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté du Sambatyon ? demanda le premier.

Est-ce que tu sais seulement où se trouve le Sambatyon ? demanda le second.

Vous me faites rire tous les deux, dit le troisième. Est-ce que vous savez seulement si le Sambatyon existe ?

Est-ce qu’on t’a seulement posé une question ? lui demandèrent les deux premiers.

1. Ça se passe aux frontières. C’est ça. Aux frontières. Elles peuvent être partout. Oui, c’est ça la clé. Partout. C’est ça qu’il faut comprendre. C’est ça qu’il faut réaliser, avec son corps, avec ses doigts, avec ses mots. C’est ça qui est incompréhensible et terrible et beau et, parfois, oui… un peu inconfortable à affronter.

2. Elles peuvent être au milieu d’une ville. Au milieu d’un fleuve. Au milieu d’une montagne. Au milieu d’une mer. Au milieu d’un océan. Au milieu d’un champ. Au milieu d’une forêt. Au milieu d’une chambre. Au milieu d’un lit. Au milieu de l’amitié. Au milieu de l’amour. Au milieu d’une conversation. Au milieu d’un silence. Au milieu d’une fête. Au milieu d’une danse. Au milieu d’un corps. Au milieu d’une âme. Au milieu du temps qui fait semblant de passer. Elles peuvent être partout. Eux les frontières ils ne les voient pas ou, la plupart du temps, ils font semblant de ne pas les voir. Toi, tu les vois et, la plupart du temps, tu ne peux pas faire semblant de ne pas les voir. Ou pas très bien semblant. C’est comme ça. C’est clownesque. C’est tragique. C’est absurde. C’est drôle. C’est intéressant. Enfin, ÇA TE REGARDE. Depuis longtemps. Depuis le plus loin que tu te souviennes. La plupart du temps, tu es seule avec ça. La plupart du temps, tu es seul avec ça. Et puis parfois, tu n’es plus seul. Et puis parfois, tu n’es plus seule.

3. Il y a tant de frontières possibles. Celles qu’on fabrique avec des silences. Celles qu’on fabrique avec des bavardages. Celles qu’on fabrique avec des lettres écrites trop vite. Celles qu’on fabrique avec des images. Celles qu’on fabrique avec des téléphones. Celles qu’on fabrique avec des rues noires de monde. Celles qu’on fabrique avec des rues désertes. Celles qu’on fabrique avec des armes. Celles qu’on fabrique avec des jeux. Celles qu’on fabrique avec des guerres. Celles qu’on fabrique avec des maladies. Celles qu’on fabrique avec des hivers. Celles qu’on fabrique avec des étés. Celles qu’on fabrique avec de l’eau, des pierres ou du béton. Celles qu’on fabrique avec des signatures sur des papiers. Celles qu’on fabrique avec des trucs écrits dans des machines. Celles qu’on fabrique avec des prisons. Celle qu’on fabrique avec des ambassades. Celles qu’on fabrique avec des armées de soldats. Celles qu’on fabrique avec des armées d’avocats. Celles qu’on fabrique avec des gestes retenus. Celles qu’on fabrique avec des bonjours sans réponse. Celles qu’on fabrique avec des amours jamais dites, jamais montrées, jamais vécues jusqu’à la moëlle, jamais vécues à pleines bouches, à pleines chattes, à pleines queues, à pleines âmes.

4. Et puis celles qu’on traverse à force de courage, d’endurance, de ruses, de chance ou de malchance un peu forcée, de joies interdites, de conventions détruites, de blessures atrocement rouvertes et miraculeusement guéries, de bonheur fou, de sagesse préhistorique, de douleurs pas vraiment dicibles, de douceur invincible, de bonne rage, de bonne colère, de pure révolte, de poésie pas conne, de stratagèmes d’enfants prolongés jusqu’à l’abandon parfait des adultes.

5. C’était la nuit dans une forêt meublée de neige, à cent pas d’une rivière, dans un pays minuscule et immense, jamais vu sur les cartes. Tu attendais. Tu ne savais pas ce que tu attendais. Tu étais heureuse. Tu étais heureux. Tu ne savais pas ce qu’il y avait de l’autre côté de la vallée. Tu n’étais jamais allé de l’autre côté de la vallée. Tu n’étais jamais allée de l’autre côté de la vallée. Tu avais été enfant dans l’ignorance de ce qui était de l’autre côté de la rivière, de l’autre côté de la vallée. Et maintenant tu étais adulte dans l’ignorance de ce qui était ENCORE de l’autre côté. Et en décidant de traverser la rivière, tu redevenais enfant, et l’ignorance de l’enfant continuée jusque très loin dans l’âge adulte n’était pas annulée, n’était pas moquée trop violemment, n’était pas dédaignée, n’était pas méprisée, n’était pas refoulée. La frontière ancienne n’était pas violée. La frontière n’avait jamais été la limite extrême. La frontière vivait. La frontière reculait comme si elle avançait. La frontière résistait, t’enveloppait, s’envolait, tournoyait et se reposait au sommet de la prochaine colline. Le monde grandissait toujours. Le mystère ne disparaissait pas. Tu étais simplement de l’autre côté d’une rivière, d’une vallée, et la frontière et le mystère étaient toujours là, à portée de tes mains, à portée de tes pas, à portée de tes yeux et de tes instruments, inépuisables et toujours vierges et pas franchement hostiles, peut-être même hospitaliers.

6. Ça peut t’arriver au beau milieu d’une ville, déserte ou non, en guerre ou non, confinée ou non. C’est tout un apprentissage parce que la première fois que tu es arrivée dans une ville, la première fois que tu es arrivé dans une ville, ce que tu t’es demandé, c’était où on pissait. Et puis, un peu plus tard, où on aimait. Et puis, beaucoup plus tard, où on dormait. Ce n’est que beaucoup, beaucoup plus tard (mais c’est la même vie, d’un seul tenant) que tu as compris où : ici & là.


AION par Andreas Guest

Pour Albertine

printemps 2017

Tout ça c’est la faute de mon ex. Elle avait réveillé mes vieux rêves d’aventure. Une fille de l’Est. 1997. Les Balkans. Elle avait passé les trois premières années de sa vie dans un village de montagne, dans une maison de torchis sans eau ni électricité, avec une grand-mère qui socialisme ou pas possédait la moitié des hauts-plateaux. A seize ans, la fille qui deviendrait ma femme avant de devenir mon ex était championne de courses d’orientation. Elle démontait-remontait un fusil d’assaut en soixante-dix secondes. Le Far East. Quand nous avons vécu un peu dans son Mexique européen nous avons commencé à rêver de faire un livre à deux. Elle les photos. Moi le texte. Avec des écarts, hein. Ça aurait été un livre sur les rivières et les ponts des Balkans. Importants, les ponts. Les ponts, les passerelles, les gués, les cordes, les pierres. Traverser l’eau, traverser la mort, traverser la guerre, tout ça. 

Mais en pleine guerre on avait eu un fils. Un petit roi qui voulait même pas de royaume. Il voulait juste des potes. « S’il nous arrive quelque chose en voyage qui lui restera ? » Alors ma femme m’a dit de partir seul et je ne suis jamais revenu. Enfin si. Mais en fait non. Mais en fait si. Ma femme était partie aussi. 

« Au moins, papa, t’as trouvé des ponts ? – Deux ou trois, fils. – Tu me les montreras ?         – Viens t’asseoir ici d’abord. Faut que j’te raconte deux ou trois trucs avant. » 

Traverser l’eau, j’ai jamais pu résister. Quand ça paraissait jouable. Si t’es pas joueur, si t’es pas joueuse, un conseil. Reste au sec. Et même si t’es joueur, même si t’es joueuse. Si tu le sens pas, tu peux jouer sur la rive. Avec un peu de chance tu trouveras même des potes. Si t’es joueur, si t’es joueuse et si tu le sens, tu traverseras l’eau et tes chances de trouver des potes se réduiront à un chiffre pas très loin de zéro. Mais je te dis pas les potes. 

Attention quand même. Sur la rive parfois il se passe des trucs. Peut-être même tout le temps, je me rends pas compte. Ça m’est arrivé de m’arrêter au milieu de l’eau, de regarder en arrière et de voir que c’était encore plus craignos sur la rive qu’à la flotte. Ça m’est même arrivé de faire demi-tour et de retourner jouer ma vie sur la rive. 

« Dure journée, mon pote, hein. – Ouais. On en est à combien ? – Trois morts, cinq blessés. – Les trois morts c’est ceux que j’ai vu se faire allumer dans la rue ? – Ouais. – Tout ça sans même voir passer une rivière ou un pont. – Hein ? De quoi tu parles ? – Rien. Je blague. – T’arrives encore à blaguer ? – C’est comme ça que je tiens. – Sérieux ? – Non. – Alors comment tu tiens ? – J’imagine une fille qui pense à moi dans un jardin, au pays. – Quelle fille ? – N’importe quelle fille. – Quel jardin ? – N’importe quel jardin. – Quel pays ? – Mon pays. – C’est quoi ton pays ? – J’ai pas encore trouvé. » 

A force de faire n’importe quoi avec ma vie, mes rêves font n’importe quoi avec moi. Je rêve souvent d’une piscine, t’as plus qu’à t’accrocher. Un truc à moitié souterrain, dans une ville à moitié morte, avec des gens dans les vestiaires à moitié sympathiques. Passé les douches tu rases les murs de métal, vertigineux, luisants, tu te sens tout petit, t’as envie de t’éclaircir la gorge mais t’oses pas. A l’entrée sur les côtés tu as des bassins de trois mètres sur trois et de trente mètres de fond avec des gamins qui barbotent. Quand tu leur dis : « Faites attention, les enfants », ils te répondent : « Fais attention, papa. » 

L’allée centrale de la piscine est ornée d’alcôves dont je pourrais faire le plan depuis le temps, si je savais dessiner. Dans les alcôves il y a des poissons empaillés. Mais je sais en longeant les alcôves que c’est un symbole. Je sais que c’est un rêve et que c’est un symbole. Le symbole de tous les écrivains morts, de tous les peintres morts, de tous les aventuriers morts, de tous les explorateurs morts. Quand je passe devant, en général, je vérifie mon maillot de bain et si mes lunettes sont bien étanches et je m’échauffe bien les épaules sans quitter des yeux le grand bassin droit devant sous la verrière et je fais gaffe à pas me rétamer sur le carrelage mouillé. 

La guerre commencée, elle ne s’arrête plus jamais. Même si tout le monde a signé la paix. Même si tu pars à l’autre bout du monde. Dans le plus paisible jardin, au bord d’une eau sans ride et même dans le rêve du plus paisible jardin, dans le rêve d’une eau sans ride, ta guerre continue. Si tu ne la transformes pas en amour, l’amour le plus lucide et le plus ironique et le plus absolu, tu n’auras rien pour remplacer le besoin de la guerre dans tes veines. 

Tu ne pourras pas reconnaître ceux qui ont besoin de tes paroles pour retrouver courage, tu ne pourras pas reconnaître ceux qui auront les gestes pour te soigner, si tu n’aimes pas démesurément, si tu t’embourbes jusqu’aux lèvres dans ce qu’ils appellent la paix. 

De retour dans ce qu’ils appellent mon pays, en attendant la sortie de l’école de mon gamin, ça m’arrivait d’aller faire la sieste dans un arboretum, sur un banc de bois au bord de l’eau, pour oublier mes morts. Il y avait un séquoia dont la cime avait été brisée par une tempête ou la foudre. Il y avait un cèdre pleureur centenaire aux longues branches horizontales trop fragiles et soutenues par des poutres. Je dormais bien. Je me réveillais le cœur lavé comme un feuillage après la pluie. Mais je n’oubliais pas mes morts. Le séquoia le cèdre et douze autres arbres marqués : c’étaient eux. 

Lentement avec les années j’ai commencé à me faire à l’idée qu’un jour je n’allais pas mourir. 

Ce jour-là ce qu’ils appellent mon âme, ce qu’ils appellent mon corps, ce qu’ils appellent mes mots, ce qu’ils appellent mes gestes seraient depuis longtemps passés dans la terre, passés dans l’eau, passés dans la lumière. Depuis longtemps passés par les racines et les feuilles. Depuis longtemps changés en sève. Depuis longtemps changés en bois. Depuis longtemps changés en une vingtaine de refuges pour ceux qui dorment sur des bancs, avant la sortie des écoles ou rien. 

Je m’étais remis à nager une fois par mois, dans une piscine ou une autre. Je nageais longtemps, lentement, sans compter les longueurs, en laissant tous les grands sportifs me doubler. Je n’avais plus de temps à battre. Je nageais pour me souvenir d’une manière nouvelle. Je nageais pour tremper mon bonheur nouveau dans une patience nouvelle. Tu le sais, quand tu es trop heureux, trop heureuse, quand il te semble que tu vas mourir si tu ne partages pas ta joie avec quelqu’un : quand ce truc t’arrive souvent, tu n’as plus qu’une seule chance de t’en tirer. Savoir sentir de tous tes sens les choses en silence, en respirant, et en n’espérant rien. 

Il ne faut plus battre le temps. Il faut y plonger tes racines, tes nageoires, tes rayons, tes doigts d’enfant, tes mains de père, tes mains de mère, ta tête et ton ventre, tes tristesses et ta joie, jusqu’à ce que dans les phrases « je suis la feuille », « je suis l’eau », « je suis la montagne », plus personne n’arrive à comprendre si c’est le « suis » du verbe « suivre », ou le « suis » du verbe « être ». 

Le grand bassin sous la verrière dans la piscine de mon rêve, c’est un truc cosmique. Impossible de dire les distances. Il y a des moments où tu dirais que la rive d’en face est à cinq mètres, et en nageant dans une eau si trouble que tes lunettes ne servent à rien et que tu n’oses plus mettre la tête sous l’eau, tu n’arrives jamais jusqu’à elle. Il y a des moments où tu dirais qu’elle est à cent mètres, et tu l’atteins en deux longues brasses coulées dans une eau plus limpide que l’air. Il y a des jours où la rive est invisible, cachée par la brume, et les voix que tu entends de l’autre côté sont celles de tes morts, ou des amis perdus, ou des amis que tu ne connaîtras jamais. 

Quand mon fils est allé vivre ailleurs, je n’ai plus jamais pu rester longtemps vivre au même endroit. Une fois j’ai essayé de vivre six mois de suite dans le même immeuble. Je n’arrêtais pas de courir les rues, de monter dans des trains, à la recherche d’un jardin. Parfois je trouvais un jardin mais il était désert, et j’ai compris que non seulement je cherchais un jardin, mais je cherchais quelqu’un dans un jardin, si possible quelqu’un qui cherchait quelqu’un dans un jardin. Il y avait moi-même, dans le meilleur des cas. Et moi-même était devenu plutôt un bon copain. Mais l’infini d’une autre âme et d’un autre corps et d’autres gestes et d’autres mots, tu sais ce que c’est. Ce n’est pas le jardin qui fait le paradis. C’est cet infini-là.

 Ça m’arrive de nager jusqu’au milieu du bassin et d’être fatigué. Je fais du surplace et je sens du sable sous mes pieds. Je m’arrête et je regarde les autres nageurs autour de moi. On dirait qu’il n’y a pas d’autres nageurs solitaires. Tout le monde est bien en groupe, bien en meute, limite en horde. Certains jouent à vingt ou trente avec un ballon, de l’eau jusqu’à la ceinture. D’autres se pourchassent en marchant sur l’eau à des vitesses hallucinantes. D’autres encore sont vautrés sur les pelouses de la piscine, dans un secteur toujours ensoleillé, à discuter dictature et cocaïne, un soda à la main. D’ailleurs, il n’y a plus personne dans l’eau maintenant. C’est à ce moment-là, en général, que je remarque ces ombres sous l’eau. On dirait les ombres des palmiers plantés sur les rives. Mais je mets la tête sous l’eau et je comprends. Ce ne sont pas les ombres des palmiers sur les rives. 

Ce sont des palmiers sous l’eau, plantés dans des rues sous l’eau, quadrillant une ville sous l’eau, une ville encore un peu plus morte que la ville à moitié morte où j’ai trouvé cette piscine où j’ai pied – sur un piton de sable. Et les gens tout à l’heure nageaient dans l’eau où je suis sans voir tout ça. Sans voir qu’ils volaient au-dessus de leur propre univers anéanti. Et peut-être que tant mieux pour eux, je me dis. Parce que moi maintenant je sais que je vole, et je ne suis pas sûr de savoir encore voler très longtemps maintenant que je sais.

Mais les nuits où le rêve tourne à ça, le coup de la révélation sur le piton de sable sous-marin qui s’effrite lentement sous la plante de mes pieds, généralement j’atteins très vite l’autre rive de la piscine et je me retrouve presque nu debout dans les herbes, face à une jungle de plantes inconnues. Les nuits où le rêve tourne à ça, oui, je suis prêt à tout, même si je tortille un peu les attaches de mes lunettes de natation d’un air pensif. Oui, ça m’arrive de réfléchir un peu mais il y a une montagne, là-bas, qui achève toujours de me convaincre. 

Dans l’une des langues de ma famille, « montagne » se dit « Berg ». Dans cette langue, « bergen » veut dire « cacher, protéger », par exemple comme dans le mot français « berger ». Alors s’il reste un peu du paradis sur terre, ou si quelqu’un a réussi à en recréer un bout et à le protéger jusqu’à aujourd’hui, ou si quelqu’un peut le recréer un jour, c’est là qu’il est resté caché, c’est là qu’il restera indemne, dans cette montagne qui était là tout à l’heure, et que je ne vois déjà plus. 

Cette fois, ce n’est plus les épaules que je m’échauffe, c’est le cœur. Je me dis qu’il serait tellement facile de me retourner, de faire demi-tour. Mais je me dis aussi que si je continue droit devant moi, il y aura un chemin à travers les feuillages, vers cet autre jardin. De l’autre côté des rambardes. De l’autre côté des lisières. (Même si c’est une expression stupide, je me dis dans mon rêve. Parce que les « lisières », tout le monde connaît la définition : si tu es devant une forêt, de l’autre côté de la lisière c’est pas un jardin, c’est la forêt, voire la jungle. Et dans la jungle les gens qui s’aventurent sans connaître se perdent tout le temps.) 

Je ne connais plus rien. La jungle semble infranchissable, mais je me dis que l’espace est toujours plus profond qu’on ne croit. Que le temps est toujours plus peuplé qu’on ne l’avait espéré. Je me dis que tout ce qu’il faut pour trouver le vrai jardin avec quelqu’un, ou pour trouver le vrai jardin d’abord et quelqu’un ensuite, ou même simplement pour trouver l’endroit où je voudrais recréer le jardin, tout ce qu’il faut c’est trouver le début d’un chemin, un courage un peu fou, des pieds un peu habitués à la terre et aux racines, et les forces que j’ai trouvées maintenant. 

Maintenant que, bon, j’ai traversé l’eau. Que je sais voler ou presque. Maintenant que je sais que j’ai rêvé et que je me souviens que dans les rêves on n’apprend pas toujours que des conneries. Maintenant que je me réveille dans un grand lit vide. Maintenant que j’ouvre une fenêtre constellée de gouttes d’eau sur une immense ville déserte. Que j’ai le rêve de ce jardin dans le cœur ou appelle ça comme tu veux. Maintenant que peu importe la longueur du chemin et où il commençait.

 Puisque je suis ce chemin.