Deux mots sur cette série de tableaux
J’ai découvert il y a quelques années les dessins des Carceri de Piranèse. Je les ai immédiatement interprétés comme des rêves étranges tellement ils étaient compliqués et impossibles à réaliser (Piranèse était architecte mais il n’avait pas grand succès dans cette profession) J’ai eu envie de m’approprier leur mystère.
Les escaliers interrompus, les chemins qui ne mènent nulle part , les fenêtres aveugles, les monuments étranges et les objets insolites qui ressemblent à des potences sont plongés dans un clair-obscur inquiétant. Ce monde intérieur qui rappellerait les méandres d’un cerveau un peu torturé peut sembler anachronique mais il exprime nos angoisses nos peurs, l’incommunication et la solitude.
J’ai ressenti donc le désir de les mettre en couleur avec une très vieille technique au rendu mat et très haut en intensité colorée : la tempéra. Ce qui donnait à mon avis un côté encore plus irréel et absurde (verts acidulés et roses bonbon)
Petit à petit, je me suis intéressée aussi à d’autres dessins du 19ème qui éveillaient en moi un désir d’interpréter comme le ferait un psychanalyste. Le thème du temps traité par Poussin (représenté par une ronde de femmes qui dansent) ou les ruines inventée d’Hubert Robert.
Finalement, j’ai agrandi mes formats et je suis passée à l’huile sur toile. Je mèle des souvenirs de paysages contemporains-comme une réactivation de mémoire- et des morceaux de peintures classiques.
Albertine Trichon 