Textes

Aventure de neige

neige6

par ETM

« J’ai voulu colorer la neige » dit Albertine et prit sa palette habituelle enrichie de quelques tons encore plus fou que d’habitude.
« J’aspire à la rapidité » ajouta-t-elle, et on remarque en effet qu’elle a dévalé « vite » la montagne enneigée lui prodiguant les effets joyeux de ses couleurs.
« A la montagne les pistes se dressent comme des murs. Les cabanes en bois ressemblent aux cubes de jeux d’enfants, les cristaux vus de près brillent de mille feux ».
Elle a écarté les arbres, des rangées serrées au « garde à vous », en les poussant vers la lisière: une armée d’un brun sombre invitée à défendre la fragilité des bordures.Sur les pistes elle a précipité des lignes rythmées, des tâches cotonneuses simulant des avalanches : des petites monnaies de couleurs estampillant le blanc qui tintent comme des clochettes.
L’homme est absent mais ses habitacles sont là, couleur chocolat, couleur miel, lancées comme des dés abolissant le hasard. Leurs fenêtres des yeux inquiets qui scrutent le vide de la plaine. Drôle de neige, drôle de blanc…

Mais qu’est-ce que le blanc sinon toutes les couleurs du spectre confondues ? C’est à l’artiste de les découvrir, les sortir de leur cocon fade, les réinventer, les recomposer à sa façon. Son tableau nanti de cette douce violence ne lui présentera que sa reconnaissance.

Pourtant toute cette couleur ne fait que trahir progressivement ses premières intensions. Car balayant le faux blanc de cette neige éblouissante on entend encore mieux résonner son monde mythique, ses contes de fée qui entachent sa pureté.

Un peu de silence alors, un peu d’écoute et puis… voilà que la couleur s’affole et s’émancipe : débordante, striée, mouchetée, palpitante, entraine le regard vers une ambiance de cirque : des poteaux de carrousels, des cabanons des fêtes foraines, des confettis de carnaval.

Nature dénaturée envahie par le rêve, espaces où règnent d’insolites tonalités acides – « La gaité du vert » soutient Albertine. Est-ce donc un printemps prématuré qui, au cœur de l’hiver, a envahi le paysage ?Drôle de printemps alors, drôle de rêverie …Mais qu’est-ce donc la joie sinon un beau temps inopportun qui soudain explose ?

ETM

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